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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

une, la distance est aussi grande, et c’est tout dire, qu’entre l’homme et la monade.

« Ainsi nous savons tous, et depuis bien long-temps, que les cétacés ont aux côtés de l’anus deux petits os qui sont ce que nous appelons des vestiges de leur bassin. Il y a donc là, et nous le disons depuis des siècles, une ressemblance, et une ressemblance légère, de composition ; mais aucun raisonnement ne nous persuadera qu’il y ait unité de composition, lorsque ce vestige de bassin ne porte aucun des autres os de l’extrémité postérieure.

« En un mot, si par unité de composition, on entend identité, on dit une chose contraire au plus simple témoignage des sens ; si par là on entend ressemblance, analogie, on dit une chose vraie dans certaines limites, mais aussi vieille dans son principe que la zoologie elle-même, et à laquelle les découvertes les plus récentes n’ont fait qu’ajouter, dans certains cas, des traits plus ou moins importans, sans rien altérer dans sa nature.

« Mais en réclamant pour nous, pour nos prédécesseurs, un principe qui n’a rien de nouveau, nous nous gardons bien, et c’est en quoi nous différons essentiellement des naturalistes que nous combattons, nous nous gardons bien de le regarder comme principe unique ; au contraire, ce n’est qu’un principe subordonné à un autre bien plus élevé et bien plus fécond, à celui des conditions d’existence, de la convenance des parties, de leur coordination pour le rôle que l’animal doit jouer dans