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PREMIÈRE ARGUMENTATION.

Tout nouvellement encore, dans le premier volume de mon Histoire des Poissons, j’ai exprimé mon sentiment à ce sujet, sans doute avec le ton modéré que les sciences réclament, et avec la politesse qui appartient à tout homme bien élevé ; mais cependant d’une manière assez claire, assez positive, pour que personne n’ait pu s’y méprendre.

« La question est sous les yeux de tous les naturalistes avec ses preuves ; c’est à eux qu’il appartient de la juger, et je me serais abstenu, comme je m’en abstiens depuis dix ans, d’en entretenir l’Académie, si une circonstance dont elle a été témoin, ne me contraignait de renoncer à une résolution que me dictaient le désir d’employer plus utilement mon temps aux progrès de la science, et la persuasion que c’est par une connaissance plus approfondie des faits, que la vérité en histoire naturelle est plus assurée de se faire jour.

« Deux jeunes et ingénieux observateurs, examinant la manière dont les viscères des céphalopodes sont placés mutuellement, ont eu la pensée qu’on retrouverait peut-être, entre ces viscères, un arrangement semblable à celui qu’on leur connaît dans les vertébrés, si l’on se représentait le céphalopode comme un vertébré dont le tronc serait replié sur lui-même en arrière, à la hauteur du nombril, de façon que le bassin revienne vers la nuque ; et un de nos savans confrères, saisissant avidement cette vue nouvelle, a annoncé qu’elle réfute complètement tout ce que j’avais dit sur la distance qui sépare les mollusques des vertébrés. Allant même beaucoup plus loin que les auteurs du Mémoire, il en a conclu que