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NÉCESSITÉ D’ÉCRITS IMPRIMÉS.

vère que la digue qu’on avait voulu imposer serait décidément impuissante. L’anatomie zoologique, affermie présentement par d’autres principes, ne peut être ramenée aux traditions du passé.

Et en effet, des travaux conçus et poursuivis dans l’esprit de la nouvelle école, mûrement réfléchis, et surtout étrangers à la présente controverse ; car ils étaient commencés quelques mois auparavant ; de tels travaux, dis-je, viennent d’être communiqués à l’Académie : ils y ont été adressés, non point comme liés même indirectement à nos débats, mais comme appelés d’une manière nécessaire par le développement des facultés humaines, appelés par conséquent au jour marqué par les progrès de la science. Or, c’est dans la conjoncture actuelle un fait sans doute assez curieux, pour qu’on ne soit pas étonné que je le remarque, et que j’en fasse connaître la principale circonstance.

M. le docteur Milne Edwards vient (avril 1830) de présenter à l’Académie royale des sciences un travail étendu Sur l’organisation de la bouche chez les crustacés suceurs. Ce mémoire, communiqué depuis six mois à quelques amis, ne fut donc point dans le principe destiné, par son auteur, à prendre rang et couleur dans la controverse actuelle ; mais il s’y est lié par sa forme, ses expressions et sa tendance générale. « On connaît, y dit l’auteur, deux groupes principaux de crustacés, les crustacés à vie errante qui ont la bouche armée d’organes masticateurs forts et tranchans, et les crustacés qui vivent en parasites, dont la bouche est destinée à livrer passage aux liquides. C’est donc une structure en