Page:E. Geoffroy Saint-Hilaire - Principes de philosophie zoologique - 1830.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
SECONDE ARGUMENTATION.

animaux entre eux, et des différences déterminées par l’emploi que la nature fait de cet organe, ou si l’on veut éviter toute ombre de recours à des causes finales, des différences qui déterminent cet emploi ?

« Pour nous autres naturalistes ordinaires, ces rapports, ces fonctions, ces différences, s’expliquent très bien, parce qu’ils constituent l’animal ce qu’il est, parce qu’ils s’appellent ou s’excluent les uns les autres.

« Nous comprenons que l’énorme tambour formé par l’os hyoïde de l’alouatte, assujetti par des ligamens et d’une manière presque immobile, à la mâchoire inférieure, n’avait pas besoin d’une attache aussi forte au crâne[1].

« Nous comprenons que les os styloïdiens, longs et mobiles des ruminans ou des solipèdes, devaient avoir des muscles propres qui ne pouvaient pas exister pour l’apophyse styloïde immobile de l’homme.

« Nous comprenons que la langue peu flexible des oiseaux devait pouvoir être portée en avant par un autre mécanisme que celle des quadrupèdes, qui peut se contracter en tous sens ; que leur larynx n’ayant pas de cartilage thyroïde, les cornes postérieures de leur hyoïde pouvaient manquer ; mais nous n’entendrions pas comment, par un mouvement de bascule qui aurait déchiré tous les muscles et tous les vaisseaux, elles seraient allées se loger dans la langue, etc.

« Mais si l’on néglige toutes ces considérations pour

  1. J’ai compris les développemens de ce paragraphe parmi ceux de la grande note précédente ; voyez page 152.