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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

pèdes ; je passe, sans la moindre difficulté, à la considération du pied des chameaux, des chevaux, des bœufs. Je vais partout considérer ce même élément anatomique, chez les oiseaux, chez les reptiles, chez les poissons, dans tous les êtres, enfin.

N’ayant point disposé de mes heures de travail en dehors de mes occupations habituelles, je ne suis point dans le cas de me conduire, à l’égard de la Nature, s’il m’arrive de ne pas la comprendre, avec quelqu’apparence de générosité ; en voulant bien ne pas lui refuser le droit et le pouvoir d’agir comme il lui plaît. Je m’en étais tenu jusqu’ici à une autre manière de me montrer plus sûrement son dévoué interprète. En pareille occurrence, je me défie des faibles lumières de ma raison ; je me garde de prêter à Dieu aucune intention : je reste où il me semble qu’un naturaliste ordinaire[1] doit se tenir. Je me renferme dans le devoir de la plus stricte observation des faits ; je ne prétends qu’au rôle d’historien de ce qui est. Et je n’avais pas attendu cette dernière argumentation, qui n’est que la répétition d’une plus ancienne ailleurs, pour m’expliquer à cet égard. Je l’ai fait dans un Fragment sur les existences du monde physique,

  1. Pour nous autres naturalistes ordinaires : expressions familières de M. Cuvier, au sein de l’Académie des sciences ; reproduites plusieurs fois, elles ont obtenu l’effet qu’on en attendait : mais peut-être beaucoup au-delà des prévisions calculées.