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ET CONCLUSION.

sives et alternatives d’air et de lait dans l’arrière-bouche[1]. Tout le monde a vu téter, parle d’enfant qui tète, d’un veau qui tète ; mais qui a jamais songé à donner de cela une définition ? Cependant, quand on la fera porter sur l’essentiel de cette fonction, on concevra facilement et le motif de la répétition des actes de succion, et l’enchaînement des efforts au moyen desquels les petits prolongent la saisie des tétines.

Voyez comme au contraire agissent les nourrissons des Cétacés. Aucun ne reste et ne peut rester attaché à sa mère ; ils se précipitent sur elle le bec ouvert, y venant réclamer la becquée, chaque fois une seule gorgée. Et en effet, quand ils gagnent le bout urétro-mamellaire de l’appareil, s’ils l’affrontent en faisant cul de poule par une disposition de l’extrémité du museau (principalement dans les baleines, chez lesquelles sont des lèvres extensibles), ou même si, à l’égard d’une bien faible saillie, ils parviennent à la saisir, c’est pour n’y aller prendre, comme le font les oiseaux, qu’une dose à la fois ; acquisition qui ne devient profitable qu’autant que le bec se ferme dessus après et complètement.

Je réserve le riche exposé de ces faits pour le faire paraître avec le Mémoire où j’expliquerai les très singulières anomalies, et, je puis ajouter, les

  1. Mon gendre, M. Bourjot-Saint-Hilaire, a fermé hermétiquement, durant vingt-quatre heures, les narines d’un chevreau en lactation : non seulement l’animal a cessé de téter, mais de plus, il a paru en avoir perdu l’instinct ou le désir ; puis, l’obstacle retiré, il a repris de suite ses anciennes allures.