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CÉTACÉS NOUVEAU-NÉS,

des gaz expirés et de toutes les exhalaisons sortant en même temps de l’estomac et du poumon, s’il n’était à cela pourvu par une modification des conditions ordinaires, par des arrangemens nouveaux qui rendent tout à fait salutaire la chambre de passage, en ce cas vraiment tenable.

La cavité buccale des cétacés, avons-nous dit dans un précédent Mémoire sur les appareils de la déglutition, forme un bec avancé d’une grandeur démesurée, une sorte de promontoire à la tête, qui, dès lors, nous avait paru sortir du caractère de ses attributs pour toute localité intra-maxillaire, et qui, aujourd’hui, sous le nouveau point de vue où nous place la question de ce Mémoire, nous paraît offrir, d’une manière vraiment merveilleuse, un suffisant emplacement pour recevoir le nouveau-né.

Car ce n’est pas seulement par son caractère d’étendue et son anomalie à cet égard, que ce nouveau domicile du jeune sujet lui est approprié ; c’est mieux, c’est par une sorte de renonciation à la plupart de ses anciens services. Or, voyons comment, et, en quelque sorte, par quelle prévision intelligente ! L’exigence d’un poumon destiné à respirer l’air en nature, et à le faire en dedans des milieux aquatiques (les cétacés y restant constamment immergés), cette exigence cause une grande révolution dans le crâne : car ce qui était appelé à devenir un long canal nasal pour continuer et prolonger les conditions communes des mammifères, est modifié de manière à se relever en un conduit vertical, toutefois sans l’accompagnement des maxillaires, lesquels restent, au contraire, longitudinalement étendus par devant. Les orifices externes de ce conduit olfactif, ou les évents, sont donc rejetés très en arrière. Ainsi toutes les appartenances de ces organes s’entassent autour de ce point, et le canal nasal, réservé seul au jeu de l’organe respiratoire, reçoit la trachée-artère, ou du moins tout le larynx qui la termine ; composition fort extraordinaire, qui, sous le rapport des fonctions, ne correspond plus à ses données