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CÉTACÉS NOUVEAU-NÉS,

successeur du philosophe grec, par l’élégant écrivain d’une Histoire du Monde. Pline n’y apporta pas tant de façons, car il ne se croyait appelé qu’à concentrer, dans de brillantes rédactions, des faits qu’il acceptait toujours comme suffisamment appréciés.

Compilateur impuissant à comprendre les rapports d’après lesquels la nature coordonne ses productions, auteur sans critique, ainsi que le présente Cuvier dans la Biographie universelle, Pline en vint à tout confondre ; il cimenta l’erreur et l’a lancée aux siècles à venir dans ces termes où il ne voulait obtenir que le mérite de la précision : Nutriunt uberibus delphini, sicut balænæ, etc. Ainsi c’est, selon cette version, par de vraies mamelles que serait distribuée aux cétacés la nourriture du premier âge, sentimens et expressions qui ne tardèrent pas à être amplifiés, quand, dans le traité d’Élien sur la Nature des Animaux, liv. X, chap. 8, il ne parut que conséquent à cet autre compilateur, et à son commentateur Gille, en latin Gillius, que des organisations, les mêmes chez la femme et chez les dauphins, ne différassent point en fonctions. L’allaitement sur cette base devenait un fait nécessaire ; ce qui fut traduit ainsi : uberimo lacte lactat, expressions de la traduction très estimée de Gronovius.

Cependant dès 1672, une protestation contre ces faits et leur interprétation avait paru dans les Éphémérides des Curieux de la Nature. Ainsi, Major, en y donnant l’anatomie d’un marsouin, s’était inscrit en faux contre l’assertion de Pline, et contre la caractérisation confirmative que Merret semblait insinuer dans la phrase fœtu lactante. Mais les narrations de Pline et d’Élien n’en furent point ébranlées dans la suite, surtout depuis les classifications de Linnéus, réglées sur l’opinion admise que les cétacés étaient entrés parmi les mammifères en raison des mêmes conditions d’organisation et de fonction.

Revenons sur les récits d’Aristote pour les mettre en