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D’APRÈS LES ANCIENS.

Or, c’est comme naturaliste que nous le trouvons le plus recommandable et le plus souvent cité, et peut-être ne jugerions-nous ainsi de la force de son esprit, qu’en raison de la plus grande utilité de ses livres relativement à nous. Or, les faits qu’il nous a transmis ne caractérisent aucun âge : puisés dans la nature, ils furent dès leur origine et sont de même aujourd’hui des vérités parfaitement aperçues et déjà tout humanitaires ; ajoutons que plus Aristote s’est manifesté à nous par des écrits nombreux et variés, et plus d’occasions et de moyens il nous a fournis de l’étudier et de le comprendre quant à sa capacité.

Maintenant, ce qu’indiquent les ouvrages qui lui sont attribués, c’est que c’était un penseur sur toutes les matières agitées dans le grand siècle de la philosophie ; c’était un philosophe avant tout. Dialecticien habile, métaphysicien profond, écrivain politique, savant grammairien, il était en outre naturaliste, l’historien des faits physiques et naturels ; mais toutefois il n’était naturaliste qu’en raison et sous l’inspiration de ses autres connaissances. Un dernier trait nous importe, c’est que dans le naturaliste furent deux personnes distinctes et successives, comme âge et savoir.

Ce fut d’abord comme philosophe sur l’ensemble des choses, comme écrivain sur toutes les matières agitées dans les discussions du Portique, qu’il écrivit son Histoire des Animaux. Alors ce n’était donc point l’œuvre d’un publiciste qui faisait état de recherches et de méditations sur une science spéciale, ce fut uniquement la compilation des idées introduites dans le savoir de son siècle, mais une compilation faite par l’un des plus puissans génies qui aient honoré l’humanité. Tout est dogmatique dans cette histoire, et tout s’y ressent d’emprunt fait aux idées alors répandues : et n’omettons pas que c’était à une époque d’un premier cas d’apogée pour la pensée humaine. Ce qui trahit chez Aristote naturaliste un cachet, un caractère