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D’UNE COCODETTE


L’impossibilité de rien comprendre au peu que je voyais irritait cependant ma curiosité. Il faut se rappeler que j’étais presque une femme, entièrement innocente cependant, ignorante, affamée de connaître toutes les choses qu’on me cachait. Il est bon aussi de savoir que, dans mes imaginations les plus osées de jeune fille, j’étais à mille lieues de soupçonner la réalité de ce que mon père, dans son langage pittoresque, appelait « la gymnastique de l’amour. »

Mon père, qui n’aimait point à se gêner, comme on le sait, disait parfois, à table, devant moi, des choses qui me faisaient croire que, entre un homme et une femme enfermés ensemble, il devait y avoir un échange de caresses passionnées ; mais je ne songeais même point à approfondir ce qu’ils pouvaient faire de spécial.

Cependant, ce jour-là, je me sentais si bien aiguillonnée par la curiosité qu’une tentation folle me saisit, et, sans[1] réfléchir aux conséquences que pouvait avoir mon action, je tournai brusquement le bouton de la porte et j’entrai dans la chambre.

Ce que je vis me cloua au seuil. C’est à peine si j’eus la présence d’esprit de refermer la porte derrière moi. La chose était étrange, accablante,

  1. Variante, ligne 20, après sans ; lire : même.