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SOUVENIRS


s’approchait à pas de loup et donnait, bien discrètement, un tour de clef à la serrure.

Or, un dimanche matin, M. Gobert étant entré comme d’habitude chez maman, ce tour de clef, je ne sais pourquoi, ne fut pas donné, sans doute l’avait-on oublié, et moi qui, depuis bien longtemps, me demandais vainement ce que ma mère et M. Gobert pouvaient faire, enfermés ensemble, je sentis, ce jour-là, ma curiosité décupler. Sans bien me rendre compte de la partie[1] de l’indiscrétion que je méditais, sans même prévoir à quel point je pouvais être embarrassée de la découverte que je voulais faire[2], je me levai, sans bruit, de la place que j’occupais à ma salle de travail et m’approchai tout doucement de la serrure.

Me pencher, appuyant une main au montant de la porte, braquer mon œil dans la direction voulue pour voir ce qui se passait dans la chambre à coucher furent l’affaire d’une seconde. Mais je fus mal récompensée de mon manque de discrétion. Je ne vis rien que des choses confuses, ma mère qui semblait s’agiter, le visage tourné du côté de la muraille. Rien de M. Gobert absolument, et cependant il devait être là, n’étant pas parti.

  1. Variante, ligne 11, au lieu de partie ; lire : portée.
  2. — ligne 13, après faire ; lire : ressentant de terribles battements de cœur, comme si j’eusse été dans l’attente d’un grave événement.