le plus désagréablement du monde avec ma haute
taille. Ces mauvais procédés, dont toutes les
jeunes filles placées dans ma position ont dû,
comme moi, être victimes, vont m’amener naturellement
à dire quelques mots de ma mère.
Elle avait été et était encore, à trente-six ans, l’une des plus belles et des plus séduisantes femmes de son temps. Impossible de rencontrer plus de distinction servant à faire valoir plus de grâce, une plus exquise amabilité unie à une plus parfaite beauté. Je puis en parler aujourd’hui en toute liberté, puisque ma mère et moi nous ne nous ressemblions pas, qu’elle était de moyenne taille et que je suis grande, qu’elle était blonde et que je suis brune : la main sur la conscience, je ne crois pas que la nature ait jamais créé une femme plus accomplie.
Ses épaules, ses bras, ses mains, ses jambes, ses pieds, ses seins étaient autant de merveilles. Elle avait des caresses plein les regards et plein la voix. Mais ce qu’il y avait de plus attrayant en elle, ce qui faisait d’elle, en réalité, une femme sans pareille, c’était son air angélique et chaste, je ne sais quelle fleur de pureté qui ennoblissait son visage. Elle enchantait, elle fascinait par sa démarche, comme par ses manières et par ses traits. On aurait dit une madone de Raphaël. Comme elle avait l’humeur facile et le caractère enjoué, qu’elle aimait les hommages et n’en fai-