Page:E. Feydeau - Souvenirs d’une cocodette, 1878.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
D’UNE COCODETTE


lesquelles j’oserai dire ce que les personnes de mon sexe cachent d’habitude le plus soigneusement à autrui et parfois à elles-mêmes, après avoir été châtiées, un jour, où, tout au moins émondées par une plume plus autorisée que la mienne, ont le pouvoir, la providence aidant, de préserver des fautes où je suis tombée, et des peines que j’ai subies, quelques-unes des femmes qui ne craindront pas de les lire.

Je suis née à Paris, le 18 mars 1831[1], d’un père italien d’origine et d’une mère française. J’ai toujours conservé la plus grande vénération pour la mémoire de mon père. C’était un homme spirituel, parfaitement bon, tolérant, serviable savant, plus réellement savant qu’on ne l’est aujourd’hui en Italie et même en France. Les travaux remarquables qu’il publia sur l’Anthropologie et l’Ethnographie, l’avaient placé de bonne heure à la tête de la génération des jeunes écrivains et professeurs qui, cultivant chacun différentes branches de la science, aspiraient à la haute réputation des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire et des Brongniart, Mon père faisait partie de toutes les sociétés savantes de l’Europe.

Il était particulièrement très fier de son titre de membre correspondant de l’Institut de France.

  1. Variante, ligne 10, au lieu de 1831 ; l’édition de Londres porte : 1821.