me dérobe. Je fuis les femmes avec autant de
soin que les hommes. Mon cousin même… le
seul être qui m’ait véritablement aimée, que j’ai
si mal récompensé, je ne le vois plus. Tous les
hommes qui m’ont approchée n’ont eu l’idée de
tirer de moi que des satisfactions matérielles. Je
ne m’y suis que trop prêtée. J’en ai assez, j’en ai
assez, j’en ai assez. Je suis exaspérée d’avoir
été si longtemps regardée, d’être toujours considérée
comme une « machine à plaisir ». Bien
malgré moi, j’ai été cette machine. Je ne veux
plus l’être pour personne. Et ce n’est pas par
chasteté rétrospective, par austérité, par un sentiment
tardif du devoir ; c’est tout simplement que
tout cela m’assomme !
Je sais que j’ai commis de grandes fautes. Mais je ne suis peut-être pas sans excuses. Comment, même malgré la froideur de tempérament dont je suis affligée, aurais-je pu ne jamais faillir avec les tolérances du monde, je pourrais dire « sa complicité », les exemples de ma mère et les enseignements de mon mari ? Je ne veux point me donner le ridicule de faire le procès à la société, qui, vraisemblablement, ainsi que le disait mon père, ne vaut ni plus ni moins que celle qui l’a précédée sur la scène du monde ; mais je ne puis cependant m’empêcher de remarquer que c’est à qui, dans les salons, poussera les malheureuses jeunes femmes, de toutes ses forces, à se mal