sangsue. Le parquet se serait mis à brûler sous
ses pieds, je crois, qu’elle n’aurait pas fait un
mouvement pour s’enfuir. La chambre était
obscure. Cependant, et malgré mon trouble, il
m’était possible de distinguer confusément les
objets. L’ombre venait de quitter le seuil et s’approchait.
Elle avait l’apparence et le pas d’un
homme. Je me disais : « Un homme, soit. Mais
quel homme est-ce ? » En effet, il y avait trois
hommes au château, et tous les trois avaient ou
pouvaient se croire le droit de pénétrer la nuit,
sans frapper, dans ma chambre.
L’homme avançait toujours. Lequel est-ce, de mon mari, du baron, ou de mon cousin ? Impossible de rien reconnaître. Il y avait quelque chose de véritablement effrayant pour moi dans cette situation. L’homme était près du lit, à ma tête, contre mon oreiller.
Son visage, cependant, se baissa vers le mien, puis me donna un baiser bien tendre. Et je reconnus mon mari.
Le seul des trois, il portait toute sa barbe. C’est à cela que je le reconnus.
« Je suis morte ! me dis-je immédiatement. Il est affreusement jaloux, ne cesse de m’entretenir des excès auxquels la jalousie pourrait le porter ; me surprenant ainsi, dans cet étrange flagrant délit, avec madame de Couradilles, jamais il ne consentira à croire à la réalité des choses ; jamais,