fait de lui attribuer le prêt de cent mille francs.
Elle me promit, de plus, de n’en point parler
devant mon mari, afin de le bien confirmer[1] dans
sa confiance. Ma tante Aurore, comme la plupart
des femmes qui ont beaucoup vu le monde, usé
des petites licences de la vie, et mérité pour elles-mêmes
l’indulgence de la société, était très compatissante,
très bonne. Elle n’avait jamais besoin
qu’on lui expliquât les nuances d’une affaire de
sentiment. Elle les comprenait toutes par instinct.
Depuis lors, je revis plusieurs fois madame de Couradilles. Comme elle était connue de mon mari et qu’elle se doutait bien qu’il ne la verrait pas chez moi d’un bon œil, elle ne venait que le matin, à l’heure où elle savait qu’il allait se promener au Bois à cheval, et elle se présentait toujours sous le nom de la « blanchisseuse de dentelles ». Je la recevais sans cérémonie, dans mon cabinet de toilette, et, comme on ne se gêne pas entre femmes, je me coiffais et me vêtissais librement devant elle. Je ne me rappelle point, en ce moment, si j’ai suffisamment parlé du caractère particulier de sa beauté. C’était une petite, mignonne et vraiment très jolie personne, aux yeux pénétrants, aux cheveux d’un blond fauve, admirablement conservée. Quoiqu’elle eût quarante
- ↑ Variante, ligne 3, au lieu de confirmer ; lire : enfoncer.