de plus intéressant au monde, pour un individu
quelconque, que sa personne même ? J’éprouve
une satisfaction véritable, presque enfantine, à
retracer ici, dans leurs détails les plus infimes et
les plus intimes, toutes les aventures qui me sont
arrivées. Je ne recherche[1] pas si, et dans quelle
proportion, la dernière que je viens de raconter
est à ma honte. Je n’en tire ni conclusion, ni
conséquence. Je suis certaine que, dans les vingt
dernières années surtout, les nécessités du luxe
aidant, elle a dû arriver, à quelques variantes près,
à bien d’autres femmes. Le monde en a eu vent,
on en a glosé. Mais aucun écrivain, que je sache,
n’en a décrit les péripéties dans leur réalité poignante
et terrible, Ce fait inouï, jusqu’ici, était
absolument inédit. Pas plus dans cette occasion
que dans les précédentes, je ne me suis fait grâce
à moi-même. Et je me suis donné la plus grande
satisfaction possible pour une femme, j’ai tout dit.
J’avais déjà complètement oublié cette abominable scène lorsque je revis mon mari. Je lui sautai au cou.
— Nous sommes sauvés ! m’écriai-je.
J’éprouvai un instant de véritable bonheur.
— Comment cela ? demanda-t-il.
Je lui donnai les cent mille francs que je tenais de ma tante Aurore. J’ajoutai précipitamment :
- ↑ Variante, ligne 6, au lieu de recherche ; lire : cherche.