en pleurant. Mais, par pitié, mettez-vous un moment
à ma place. Existe-t-il jamais une situation
plus pénible que la mienne ! Moi, femme mariée,
jusqu’ici, je puis le dire avec orgueil, honnête
femme, je me suis vendue à vous[1], dans le seul
but de payer des créanciers impitoyables. Vous
savez bien que je ne vous aime pas, que je ne
peux pas vous aimer. L’affection peut-elle être
l’objet d’un marché ?
Pendant que je cherchais instinctivement à l’entraîner sur le terrain de ma situation[2], où j’avais tous les avantages, le baron ne perdait pas la tête et ses mains continuaient à me tracasser. J’en revins donc à ma première feinte, qui était d’affecter de ne pouvoir me tenir en place, de m’agiter et de me révolter au plus léger attouchement.
— J’ai fait une déplorable affaire, reprenait le baron, à tous les points de vue. Si j’avais été plus adroit, vous vous seriez donnée à moi depuis longtemps et cela ne m’aurait pas coûté cent mille francs[3].