naturellement, la meilleure faiseuse de Paris. Or,
comme une sorte de liaison familière, et même
affectueuse, ne tarde jamais à s’établir entre une
femme et l’ouvrière qui l’habille, ma couturière
m’adorait, ne cessait de me dire que « je lui faisais
le plus grand honneur, que j’étais la meilleure
des réclames pour elle, et qu’elle me devait sa
fortune. » Bref, je me croyais sûre de n’être jamais-tourmentée
de ce côté. Si je trouvais cent
mille francs, je pouvais donc les appliquer en
entier aux dettes de mon ménage, et, en faisant
des économies, cherchant une occupation lucrative
pour mon mari, nous pouvions parvenir à
nous tirer d’affaire. Oui, mais… cet homme !…
Ici, je ne puis rien traduire des sentiments qui m’agitaient. Toutes les femmes les comprendront, si elles sont sincères vis-à-vis d’elles-mêmes.
C’était un mélange d’horreur, de répulsion, de craintes vagues, de curiosité.
De curiosité, hélas !
Et comment retrouver madame de Couradilles !
Elle ne s’était pas représentée chez moi ; elle ne m’avait pas écrit. Le jour même où je pus me lever et sortir pour la première fois, comme je tournais le bouton de la porte, chez ma corsetière, une femme qui poussait cette porte de l’autre côté, pour sortir, me heurta involontairement, mais si fort, que je faillis tomber à la renverse.
C’était elle, la Couradilles !