sou[1] de fortune. À quoi bon alors le mettre au courant
d’une situation dont je n’avais pas lieu d’être
fière ? Un instant, je pensai à aller demander conseil
à ma mère. Elle était très experte en toutes
sortes de choses, on ne pouvait pas le nier, et fort
capable d’indiquer une bonne règle de conduite.
Mais depuis l’aventure de Gobert, elle avait toujours
eu l’air gênée devant moi, et je craignais
d’être mal reçue. Cependant, je me décidai à aller
la trouver, par acquit de conscience, très embarrassée
de savoir ce que je lui dirais, ne pouvant
prendre sur mon amour-propre de lui tout dire,
mais seulement ce qui avait rapport aux affaires
d’argent, et appréhendant fort de la voir accueillir
ma triste confession par une joie secrète.
Je trouvai ma mère charmante, comme toujours. Elle portait une délicieuse robe de soie lilas qui lui seyait à ravir. J’en étais jalouse.
Elle se leva gracieusement, et m’embrassa dès qu’elle m’aperçut, me gronda doucement sur la rareté de mes visites[2], et enfin m’écouta parler.
Je lui dis simplement que mon mari était beaucoup moins riche qu’il ne l’avait dit en m’épousant, que le chiffre de nos dettes augmentait