Je n’en peux[1] pas dire davantage.
Dût-on m’en faire un crime, j’avancerai courageusement que je n’ai jamais eu qu’une seule véritable passion, celle de la toilette. Je ne sais pas si toutes les femmes sont comme moi, et je m’en inquiète peu. Mais encore aujourd’hui, où je suis arrivée à l’âge de la maturité dans la réflexion, à la seule pensée d’une mode nouvelle, et qui me siérait, je me sens sur le point de devenir folle.
Ma passion, depuis bien longtemps, était devenue une sérieuse occupation. J’avais pris pour habitude de composer mes toilettes moi-même, me confiant à mon bon goût et à mon esprit inventif.
Un mannequin de ma taille étant placé devant moi, je disposais sur lui, avec des épingles, les étoffes que j’avais achetées pour en faire des robes. Je trouvais ainsi souvent des motifs d’une élégance ravissante. Mon mari s’en allait disant partout que je jouais à la poupée, mais cela m’était bien égal.
Je composais aussi des coiffures et mes chapeaux sur une tête à perruque. Mais cela, malheureusement, ne me faisait faire aucune économie. Au contraire.
Tel était mon genre de vie enivrant et absor-
- ↑ Variante, ligne 1, au lieu de peux ; lire : veux.