une ressemblance un peu plus précise. Nous nous
faisions habiller toutes les deux chez la même
couturière ; nous nous y rencontrions quelquefois,
nous portions forcément des costumes à peu
près semblables, et il était arrivé parfois, aux
courses de Longchamps, comme à la promenade
et au théâtre, qu’on nous avait prises l’une pour
l’autre. Sans même s’inquiéter des inconvénients
qu’une pareille ressemblance, quoique si flatteuse
pour moi, pouvait avoir, mon mari se mit dans
la tête de me faire effacer les femmes qu’il
appelait mes « deux rivales. »
— Tu n’as rien à redouter de madame Viardot, me dit-il. Elle se montre peu, sort à peine, on ne la voit que sur la scène. Ensuite, elle est plus âgée que toi, elle a les traits plus gros. Les avantages réels qu’elle a sur toi ne peuvent être appréciés que sur les planches : c’est son talent incomparable, sa voix d’or, comme pourrait dire un poète ; ensuite, ce sont ses jambes, qu’elle montre dans le rôle d’Orphée, et qui sont vraiment admirables. Quant à madame Barucci, dont le sang est florentin, comme celui qui coule dans tes veines, c’est une autre affaire. Je l’ai beaucoup connue autrefois. Elle est extrêmement séduisante. Mais rassure-toi, tu lui es supérieure. Ainsi, elle a le teint mat ; le tien est coloré, agréablement nuancé de blanc et de rose. Ta véritable supériorité sur elle, cependant, n’est pas