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D’UNE COCODETTE


cite pas en entier, c’est seulement afin d’éviter les redites.

On peut voir maintenant quelle était l’originalité particulière du caractère de mon mari. C’est en vertu des principes développés dans sa lettre, c’est en les appliquant à ma personne, trouvant d’ailleurs en moi une élève docile, qu’il parvint en peu de temps à faire de moi, selon ses propres expressions, « une femme à la mode des plus accomplies ». Jusqu’alors[1], grâce à la beauté de l’impératrice Eugénie, à celle de quelques dames de son entourage, toutes blondes, ou d’un blond doré, il semblait qu’une femme ne pouvait mériter dépasser pour jolie en France, si ses cheveux n’étaient pas de la nuance que le Titien rendit si célèbre. L’engouement à cet égard était devenu tel, il était si irréfléchi que, peu à peu, quelques femmes du monde, qui avaient les cheveux noirs ou châtains, se modelant sur certaines courtisanes en renom, n’avaient point hésité à se faire teindre. Mon mari, qui avait toujours eu, disait-il, une horreur instinctive pour toutes les nuances du jaune, ne m’eut pas plutôt épousée

  1. Variante, ligne 10, au lieu de jusqu’alors, grâce à la beauté de l’impératrice Eugénie, à celle de quelques dames de son entourage, toutes blondes ; lire : À cette époque, grâce aux succès de beauté qu’avaient obtenus à Paris quelques étrangères qui avaient toutes les cheveux rouges, ou tout au moins…