des pieds à la tête, me toucher et me caresser. Je
ne pouvais ni me vêtir, ni me dévêtir, ni prendre
un bain, ni me mettre au lit, ni en sortir, ni même
procéder à mes ablutions, sans l’avoir là, à trois
pas de moi, s’extasiant à haute voix sur « mes
beautés ». On ne peut se faire une idée de l’agacement
nerveux que cette manie me causait. Mon
humeur, douce et complaisante d’habitude, avait
fini par s’en altérer. Et mon mari était assez sot
pour s’en chagriner.
Je ne dois pas manquer d’ajouter qu’il faisait tout ce qu’il pouvait pour éveiller mes sens et les exciter. Tantôt par ses paroles, tantôt par la lecture d’ouvrages licencieux qu’il m’apportait, tantôt par des caresses pleines de recherches et passionnées, il me poussait à chercher les plus voluptueuses sensations. Je faisais les plus grands efforts pour lui complaire sous ce rapport, sans cependant y parvenir.
Il y avait des jours où, étant mieux disposée que d’autres, il me semblait que j’allais me laisser vaincre. Mais ma froideur native reprenait bientôt le dessus, et je finis par ne plus accorder à mon mari les faveurs auxquelles le mariage lui donnait droit, sans exiger de lui, d’avance, qu’il me fît cadeau de quelque bijou de grand prix.
Il poussait la bonhomie jusqu’à rire et à plaisanter de cette situation anormale. Moi, j’en riais aussi, et j’en abusais.