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D’UNE COCODETTE


brasser, m’empêchant de parler et disant constamment : — Tais-toi. Ta soumission, quelque froide qu’elle soit, est un million de fois plus précieuse pour moi que tes paroles.

Tout à coup, comme si le dernier voile qui me restait, en me couvrant mal, l’eût impatienté, il me l’enleva, et me voilà complètement nue devant lui. Le souvenir des recommandations de ma tante aidant, je m’efforçai, avec une candeur qui aurait pu sembler touchante à tout autre que le marquis de B***, de ne pas paraître niaise. Mais je me sentais littéralement mourir de honte. Il faut se rappeler que, depuis que j’étais nubile, âme qui vive, y compris ma mère, ne m’avait vue une seule fois dans un tel état. Je ne manquais jamais d’éloigner ma femme de chambre quand je voulais sortir de mon bain. Et quoique, au couvent, comme je l’ai dit, emportée par l’exemple et par une surprise des sens, j’eusse pu laisser la petite Carmen se livrer à un coupable attentat sur ma personne, quoique, pour m’aider à subir avec résignation le désagrément de ma situation présente, je ne cessasse de me répéter que l’homme qui me contemplait dans ma nudité était mon mari, je souffrais, j’endurais un réel martyre.

Ce n’était même pas ma conscience, c’était ma chair tout entière qui frissonnait et se révoltait de se sentir ainsi sous les yeux d’un homme.