mise devant un homme. Et si jusqu’à présent
aucune femme, à ma connaissance du moins, n’a
eu l’idée de décrire les sensations et les émotions
de sa première nuit de noces, je ne vois pas pourquoi
je n’aurais pas de la franchise et du courage
pour tout mon sexe. Les choses les plus
vulgaires, celles qui se passent chaque jour, qui
cependant, par suite de je ne sais quelle convention
universelle et ridicule, demeurent éternellement
inédites, m’ont toujours paru être pleines
du plus grand intérêt.
Lorsque je me trouvai dans le costume que j’ai dit, — je ferais sans doute mieux de dire « absence de costume, » — mon mari, dont les yeux étincelaient, recommença à me caresser et à passer en revue ce qu’il appelait galamment « toutes mes beautés ». Il découvrait ma gorge, s’extasiait, la baisait ; et puis, il me tenait des discours passionnés, promettant de me faire, dès le lendemain, tous les petits cadeaux qui pourraient me causer le plus de plaisir, si je voulais continuer à être bien gentille et me soumettre à toutes les fantaisies qui lui passeraient par la tête. Moi, je lui répondais ingénument que j’avais froid et me sentais mal à mon aise, n’étant point encore habituée à de semblables fantaisies, ne soupçonnant même pas qu’elles pussent venir à l’esprit des gens raisonnables. Là-dessus, le voilà qui recommence à me caresser et à m’em-