telle peur, une peur instinctive, irréfléchie, que
j’étais incapable de desserrer les lèvres. Je remarquai
que le lit était découvert, et qu’il y avait,
sur le traversin, deux oreillers l’un auprès de
l’autre.
Cependant mon mari m’avait priée de vouloir bien me tenir debout. En un clin d’œil, quand je fus sur mes pieds, il m’enleva ma robe de chambre. Je me trouvai donc en chemise devant lui, et, je l’avoue, je me sentais toute honteuse. Quelle accablante position pour une femme qui était encore une jeune fille ! Le souvenir des aventures qui m’étaient antérieurement arrivées, et qui me revenaient alors à l’esprit, n’atténuait en rien l’inexprimable sentiment de gêne que je ressentais. J’avais beau me sermonner intérieurement, me gronder, rien n’y faisait. J’étais en chemise, nu-pieds. Un homme me regardait. Cela suffisait.
Je sais bien aujourd’hui que toutes les femmes, dans tous les temps et dans tous les pays du monde, ont passé par là et n’en sont pas mortes. La plupart d’entre elles, même, à ce que je crois, n’ont pas cru devoir faire autant de façons que moi, ne trouvant pas la chose si extraordinaire et si pénible. Encore une fois, cela ne fait rien. Le monde entier dût-il me traiter de sotte, je ne me lasserai jamais de répéter que j’endurai un supplice sans nom quand je me vis ainsi en che-