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SOUVENIRS


bas du perron. Ma mère m’avait tendrement serrée sur son cœur quand nous étions encore au haut de l’escalier.

De la rue Mazarine, où demeuraient mes parents, à la rue Saint-Dominique, où était situé l’hôtel de mon mari, il n’y a pas une longue course.

Pendant tout le trajet, mon mari ne cessa de presser mes bras et mes mains contre son cœur, promettant de me rendre heureuse, et jurant qu’il était « le plus heureux des hommes ». Nous arrivâmes enfin. Dans tout l’hôtel, il n’y avait d’éveillés que le portier et un valet de pied. Ce dernier nous ouvrit la porte du vestibule, et mon mari lui commanda de se retirer, après que nous serions montés, et qu’il aurait éteint le gaz dans l’escalier. Pendant que nous montions, mon mari entourait ma taille de son bras et me soutenait affectueusement, comme s’il eût voulu m’aider à marcher plus vite.

Quand nous fûmes au premier étage, où se trouvaient nos appartements privés, il me fit entrer dans un très élégant boudoir, puis il me demanda d’un ton câlin si je voulais bien lui permettre de « me déshabiller. »

Je le remerciai, l’assurant que j’avais l’habitude de me déshabiller moi-même, ce qui était vrai. Alors, il se retira dans la chambre à coucher, après m’avoir indiqué la porte de mon cabinet de