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D’UNE COCODETTE


dont je parle, de vouloir bien m’aider à gagner le cœur de votre fille. La première impression que fait un mari sur sa femme peut avoir les plus graves conséquences dans tout le cours de leur commune existence. Je voudrais ne produire que de bonnes impressions sur l’esprit d’Aimée. Il me serait très doux de ne devoir son cœur et sa personne qu’à elle-même.

Il dépend de vous seule de me faire obtenir ce résultat. »

Il y avait une prodigieuse habileté dans la démarche que mon futur mari fit auprès de ma mère. Il était impossible de faire entendre à la digne femme des paroles mieux imaginées pour flatter son inclination et pour lui plaire. Elle fut parfaitement dupe de l’hypocrisie du marquis de B***. Elle lui promit de suivre une conduite conforme à ses désirs, et le félicita de ses sentiments de délicatesse. Je n’allais pas tarder à apprendre que ces beaux sentiments étaient tout simplement le fait d’un voluptueux, cherchant à assaisonner ses plaisirs.

Je ne m’étendrai pas sur les différents incidents de la cérémonie de mon mariage. Une affluence énorme se pressait à l’église Saint-Thomas d’Aquin, que ma mère avait choisie à mon intention comme étant l’église le plus à la mode. Ma mère était charmante, comme toujours. Elle avait daigné s’occuper elle-même des plus petits détails