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SOUVENIRS


— Je vous comprends de moins en moins. Si vous m’expliquiez d’une autre manière…

— Je te dis que l’homme est un sabre. Cela se voit d’ici. La femme…, tu sais peut-être bien comment tu es faite ?

— Pas le moins du monde.

— Ma parole d’honneur, tu es trop niaise. C’est décourageant.

Je fis encore d’autres efforts pour obtenir des explications plus claires et plus précises de ma chère tante.

Mais la bonne femme était au bout de son éloquence. Il ne me fut jamais possible de la faire sortir de la comparaison. À toutes mes sollicitations, elle se contentait de répéter :

— L’homme est un sabre.

Heureusement, mes sœurs entrèrent dans la chambre et, à leur vue, ma tante se sauva.

Telle femme qui lirait ceci, se rappelant

    servir. Depuis que je savais en quoi consiste le mariage, je l’avais pris en aversion. Pour un rien, maintenant, quoique la corbeille — et une splendide corbeille ! — m’eût été envoyée, j’aurais essayé de rompre. Grâce à mon imagination, qui se plaît à exagérer toute chose, ma tristesse prit enfin de telles proportions que, le jour de mon mariage, où je m’étais si bien promis à moi-même d’être charmante pour tout le monde, après avoir été sur le point de répondre non à la question de M. le maire…