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liberté au nom de laquelle on lui ôtait la vie.

Il n’est pas nécessaire de ressusciter autrement l’histoire de la grande race dont le duc de Broglie est issu, pour comprendre quels souvenirs et quels exemples il rencontre sur son chemin, en remontant vers le passé. Il a aujourd’hui soixante-deux ans, et, au cours d’une vie déjà longue, on peut dire que ces exemples et ces souvenirs, il ne les a jamais oubliés. Ils ont été les inspirateurs de ses actes. Ils ont étayé solidement son patriotisme, son désintéressement, son zèle pour le bien public, et ont ennobli même ce que ses adversaires appellent ses erreurs. On a dit maintes fois du duc Albert de Broglie qu’il a de l’ambition et de l’orgueil. Si l’on entend par là qu’il a aimé le pouvoir pour lui-même, pour les satisfactions qu’il donne à la vanité, pour les joies matérielles qu’il procure, on se trompe. Mais, si l’on veut dire qu’il a trouvé dans l’exercice de la toute-puissance, dont il disposa un moment, le moyen de manifester ses convictions, son dévouement au pays et de faire triompher des doctrines qui lui sont chères, parce qu’il a en elles une inébranlable foi, parce qu’il croit à leur efficacité, on a raison. Du moins, est-il