Page:E. Daudet - Le Duc d’Aumale, 1883.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
LE DUC D’AUMALE

d’être fort estimés eux-mêmes, pour n’être pas soupçonnés de lui être vendus. »

Ces pages, écrites d’hier pour servir d’introduction à une étude qui date de quatorze ans, résument à merveille, selon nous, la situation faite aujourd’hui aux princes d’Orléans en général et au duc d’Aumale en particulier. Elles disent les amertumes et les angoisses d’un patriotisme dont ni l’exil ni l’injustice n’ont pu éteindre les ardeurs. Elles montrent les périls qui, de toutes parts, au milieu d’une démocratie jeune, intolérante, soupçonneuse, s’élèvent autour des héritiers d’une race qui, durant des siècles, a été associée aux grandeurs et aux vicissitudes de la patrie, et a contribué à sa gloire. Mais, quelque sympathie qu’elles expriment pour les représentants d’un passé glorieux, dignes de tous les respects, ce qu’elles ne disent pas assez, c’est la hauteur de vues et la fière simplicité qui inspirent leur conduite ; c’est l’esprit si véritablement français avec lequel ces princes, qu’on ne peut connaître sans les admirer ni approcher sans les aimer, affrontent les difficultés que leur crée leur nom sous un régime républicain et s’y résignent ; c’est, pour tout résumer d’un mot, cet amour