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LE DUC D’AUMALE

vent un groupe préféré d’intimes dont le dévouement n’a jamais fait défaut ni à sa famille ni à lui-même. On le voit quelquefois, allant les chercher à la gare, conduisant un grand breack dans lequel il les ramène, recevant partout les témoignages respectueux de la déférence des populations parmi lesquelles il vit, et se plaisant à traverser au trot de son merveilleux attelage les écuries du château, construites par le plus illustre des Condé et vastes comme une cathédrale.

La vie, à Chantilly, est large, luxueuse même, digne d’un prince de maison royale. Là tout rappelle d’inoubliables souvenirs de succès et de revers, une antique gloire. Les hauts faits du passé défrayent souvent les entretiens durant lesquels le prince charme ses auditeurs par la variété de ses connaissances, la sûreté de sa mémoire, sa bonne grâce, sa simplicité. Les problèmes du présent, les questions sociales, les questions d’art ont aussi leur place dans ces entretiens, car le duc d’Aumale est surtout de son temps. Naguère, il se plaisait à inviter des officiers, les uns ses anciens compagnons d’armes, les autres plus jeunes ayant servi sous ses ordres. On a, dans certains mi-