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CÉLÉBRITÉS CONTEMPORAINES

d’Alger, je m’éloigne ; mais, du fond de l’exil, tous mes vœux seront pour votre prospérité et pour la gloire de la France que j’aurais voulu servir plus longtemps. » Et aux soldats qui ne demandaient qu’à lui obéir, il disait : « J’avais espéré combattre encore avec vous pour la patrie. Cet honneur m’est refusé ; mais, du fond de l’exil, mon cœur vous suivra partout où vous appellera la volonté nationale. Il triomphera de vos succès. Tous ses vœux seront toujours pour la gloire et le bonheur de la France. » La République en 1883 n’avait rien à redouter du soldat qui tenait en 1848 le langage qu’on vient de lire.

Heureusement, pour l’aider à supporter l’amertume du destin qui lui était fait, le duc d’Aumale avait le travail et ce culte de l’art auquel il a été fidèle toute sa vie. Rendu à la vie privée malgré lui, il eut, lui aussi, les « chères études » dont M. Thiers, dans des circonstances mémorables, a vanté avec attendrissement la douceur. Nous avons dit et on sait quel admirable écrivain est le prince. La lettre sur l’histoire de France, adressée en 1861 au prince Napoléon à la suite d’un discours qu’il avait prononcé au Sénat, fut à