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LE DUC D’AUMALE

soldat dans l’âme. Il prit part à cette suite d’inoubliables combats que, devenu à son tour commandant en chef, il devait couronner par la prise de la Smala d’Abd-el-Kader, — épisode glorieux, popularisé par Horace Vernet sur une toile qu’on peut voir à Versailles, — où avec 500 hommes il en mit 5, 000 en déroute.

Nous avons quelquefois entendu dire que pour un prince fils de roi la guerre est sans périls, que la vie militaire n’offre que des chances, et que les grades gagnés dans ces conditions sont dus à la naissance bien plus qu’à la valeur individuelle. Cela a pu être vrai souvent, encore que le nombre des jeunes princes de la maison de France qui, pendant des siècles, ont arrose de leur sang les champs de bataille contredise cette assertion. Mais, en ce qui touche les fils de Louis-Philippe, elle ne répond pas à la vérité. Si les grades dont ils furent successivement investis étaient dus à un privilège de naissance qui les leur aurait assurés, alors même qu’ils ne s’en fussent pas, au même degré, montrés dignes, on peut dire que nul plus qu’eux ne les mérita. Leur éducation les avait préparés au commandement plus encore que le rang de