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trône de son grand-père. Il avait alors dix ans.

Son biographe a raconté, d’une plume émue et sympathique, les impressions de l’enfant durant ces douloureuses journées de février :

« Le 23 au matin, dit-il, on vint annoncer au comte de Paris que les maîtres qui devaient lui donner ses leçons ne pourraient pas venir. Sans se rendre un compte exact de ce qui se passait, il put remarquer la préoccupation de sa mère et des personnes qui l’entouraient. Le 24, en venant l’embrasser, la duchesse d’Orléans lui dit : « Mon enfant, sache qu’il se passe des choses très graves. Tu ne peux les comprendre ; mais il faut prier Dieu, il préviendra peut-être les grands malheurs dont la France est menacée. » Dans la matinée, M. Adolphe Régnier, précepteur du jeune prince, lui donna cependant ses leçons, comme à l’ordinaire ; mais, bientôt, il fallut abandonner les pièces donnant sur la rue de Rivoli ; on s’attendait, d’un moment à l’autre, à un combat ; le prince passa dans les appartements donnant sur le jardin. Pendant qu’il jouait sous les yeux de son précepteur, la porte s’ouvrit précipitamment et la duchesse entra, disant à M. Régnier : « Ce n’est pas une émeute, c’est