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meté, la tendresse vigilante qui caractérisaient cette femme admirable, si digne de la patriarcale famille dans laquelle elle était entrée. Elle entoura son fils de maîtres savants tels que M. Adolphe Régnier ; elle leur demanda de l’instruire ; de développer son esprit, de former son intelligence ; mais elle ne demanda à personne de former son cœur ; cela, c’était sa part à elle. Quand, plus tard, payée de ses peines par la reconnaissance et l’amour de ce fils aîné qui ne lui a donné, comme le plus jeune d’ailleurs, que des joies, elle écrivait : « Ce n’est plus moi qui le protège : je me sens protégée par lui », elle se rendait témoignage à elle-même ainsi qu’à lui, que ses efforts pour en faire un homme avaient réussi au delà de ses espérances. Elle disait encore en parlant de son fils : « J’aime à lui voir une conscience séparée de la mienne. Quand il n’est pas du même avis que moi, j’en ai presque de la joie. J’ose le dire, j’ai pour lui du respect. »

Si, lorsque la mort du duc d’Orléans vint frapper sa famille d’un irréparable coup, le comte de Paris était trop jeune pour mesurer l’étendue de la perte qu’il venait de subir, il n’en fut pas de même quand s’écroula le