Page:E. Daudet - Jules Simon, 1883.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les réunions publiques où, vers les dernières années de l’empire, il se fit entendre. Il y porta quelque chose de plus, un courage personnel que ne semblait pas promettre son accent lamartinien. Dans ces assises d’une démocratie souvent grossière, toujours soupçonneuse, défiante et irritable, il lui arriva mainte fois d’avoir à répondre à des questions injurieuses. Il le fit toujours avec un grand calme et un beau sang-froid, le même sang-froid et le même calme dont il fit preuve le 31 octobre 1870, durant les quelques heures où, prisonnier des bandes de Flourens, le fusil des émeutiers sur la gorge, il vit la mort menaçante devant lui et devant ses collègues du gouvernement de la Défense nationale.

À cette date du 31 octobre, il était au pouvoir depuis le 4 septembre. Cette partie de sa vie est encore si proche de nous qu’il n’y a pas lieu d’en raconter les détails, alors surtout qu’il en a lui-même écrit le récit dans ses Souvenirs du quatre septembre, complétés par les deux volumes intitulés Le gouvernement de M. Thiers. C’est là qu’il faut étudier la vie de M. Jules Simon depuis la chute de l’empire jusqu’à la chute de M. Thiers.