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présence d’un ministère irresponsable, au-dessus duquel passent les critiques pour aller frapper plus haut, et sous la surveillance d’un président maître souverain des débats, on peut, disons-nous, ne pas tout approuver ; mais il faut tout admirer, car jamais l’art de l’orateur ne s’est manifesté avec plus d’habileté, d’ingéniosité, d’audace et de courage. À cette Chambre qui voudrait ne pas entendre il s’impose ; à ce président toujours aux aguets, il échappe, et, comme on peut tout dire quand on sait le dire, il dit tout.

Celui qui écrit ces lignes était alors et fut longtemps, de par ses fonctions, l’auditeur forcé de M. Jules Simon, auditeur plus attentif que les autres, puisqu’il avait pour mission de recueillir le langage des orateurs. Il se souvient encore, il se souviendra toujours de ces séances solennelles en qui se résumait toute la vie politique d’un grand peuple. Ils étaient là quelques-uns dont les paroles remuaient les cœurs, les faisaient vibrer d’enthousiasme ou d’indignation. On en avait entendu avant, on en entendit depuis d’aussi éloquentes, prononcées dans des circonstances plus mémorables ou plus tragiques. Mais celles-ci paraissaient aussi élo-