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gagner leur confiance, et, pour la gagner, cette confiance nécessaire, il faut les entretenir de ce qu’ils peuvent plus encore que de ce qu’ils doivent. La tentative n’est pas sans péril, et peut-être la démocratie moderne est-elle aujourd’hui, dans ses victoires mêmes, la victime des apologies dont elle fut l’objet à l’époque de ses revers. Il ne serait pas juste cependant de prétendre que M. Jules Simon a été un apologiste sans prudence. Ses belles études répondent. Mais l’eût-il été, comme d’autres qui, plus tard, l’ont regretté, il aurait encore, comme eux, cette excuse, que le régime de décembre n’avait pas laissé à ses adversaires le choix des armes. Tout combattant était tenu de prendre celles qui lui tombaient sous la main. De là, des complicités et des coalitions qui, plus tard, se sont bruyamment brisées, quand les chefs triomphants ont tenté de réprimer des écarts au déchaînement desquels ils n’étaient pas étrangers.

Sous l’empire, les partisans des monarchies disparues étaient heureux d’applaudir à l’opposition de M. Jules Simon. L’empire tombé, ils se sont trouvés unis contre l’ami des mauvais jours devenu leur adversaire, et voilà