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aucune école, ni attentatoires à aucune liberté. C’est l’opinion d’un esprit indépendant, librement et noblement exprimée en des pages, modèles de mesure et de style, vivifiées par l’accent d’une conviction profonde et d’une tolérance généreuse.

Les questions de religion et de morale n’étaient pas seules à passionner M. Jules Simon. Outre les questions de politique que les lois édictées contre la pensée ne permettaient pas de débattre en toute liberté, il s’attachait aux grands problèmes d’organisation sociale, aux intérêts des classes pauvres, à la vie de l’ouvrier. C’est ce goût pour ce qui touche le socialisme qui déjà le conduisait dans les centres industriels, fixait son esprit sur les moyens d’améliorer le sort des travailleurs, le rendait populaire parmi eux.

On a pu lui reprocher alors de leur parler plus volontiers de leurs droits que de leurs devoirs et de contribuer ainsi à exalter des ardeurs qu’il eût été mieux de contenir. Assurément, quiconque prend en main la cause populaire est exposé à devenir, à son insu, le flatteur de ceux qu’il cherche à éclairer. Pour porter la lumière dans leur esprit, il faut d’abord