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mentées, plus encore en moraliste qu’en savant, avec une grande indépendance, et, chose à remarquer, avec un respect singulier pour les doctrines qui n’étaient point siennes. Là encore se manifestaient sa modération, sa tolérance. Il n’était intraitable qu’au despotisme.

C’est durant la même période qu’il entreprit les excursions oratoires en Belgique, d’où naquit sa popularité. Un de ses plus beaux livres, la Liberté de conscience, est justement le fruit d’une de ces excursions.

C’était en 1856, au moment où, en Belgique, les luttes entre catholiques et libéraux menaçaient de prendre, par leur violence, les proportions d’un malheur public. D’un côté, l’épiscopat ardent à la bataille, défendant les idées ultramontaines ; de l’autre, les universités revendiquant les droits de la libre pensée. Celle de Gand surtout s’était vivement engagée dans le combat. Dans la ville, partagée en deux camps, ce n’étaient que récriminations et querelles, qui se perpétuaient et s’envenimaient, les plus illustres professeurs ne voulant pas laisser passer sans réponses les lettres épiscopales et y répondant avec une extrême passion.

C’est alors que le bourgmestre de Gand eut