Il était bien trop libéral pour cela ; mais, en même temps, il était trop tolérant pour admettre que la liberté des uns eût pour conséquence l’écrasement de la liberté des autres. Il lutta donc contre ce grand Montalembert. Mais de cette lutte naquit une estime mutuelle qui engendra une longue et forte amitié entre les deux adversaires, quand la politique impériale les eut enveloppés dans une défaite commune. Un souvenir touchant s’attache à ces relations affectueuses dont M. Jules Simon ne parle jamais sans quelque fierté. Lorsque Montalembert eut la douleur de voir sa fille quitter la maison paternelle pour se donner à Dieu, en des circonstances qui ont inspiré à son cœur partagé entre le désespoir et la résignation, dans les dernières pages des Moines d’Occident, des accents d’une inimitable éloquence, M. Jules Simon était auprès de lui. Il connut ses angoisses et partagea ses larmes. La mort seule dénoua cette amitié, née sur les champs de bataille de la politique, qui, le combat fini, avait uni à jamais les belligérants de la veille.
En 1850, après avoir passé par le Conseil d’État, et la législative qui choisissait alors les conseillers ne l’ayant pas réélu membre de cette