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tyrannies ; on ne l’a jamais vu accabler les vaincus ni flatter les vainqueurs, et ceux mêmes qui ont, en d’autres temps, lutté contre lui, rendent simplement justice à son caractère, en déclarant qu’il fut un bon citoyen.

Nous disions que sa vie a été facile ; il faut ajouter qu’elle a été heureuse, remplie par le travail. Au travail il a dû tout, rien à l’intrigue. Quelque position qu’il ait occupée, personne n’a pu dire qu’il ne la méritait pas. Il nous semble qu’on ne saurait faire d’un homme un plus bel éloge.

Ce qu’il devait être toujours, M. Jules Simon l’était déjà au début de sa carrière. Lorsqu’en dépit de sa jeunesse il montait dans une des chaires de la Sorbonne, il était digne de s’y montrer. Là, comme partout ailleurs, ce fut surtout et avant tout un libéral et un modéré. Un modéré ! on n’aime guère aujourd’hui ni le mot ni la chose. On ne les aimait pas beaucoup non plus en 1840, à l’époque où il faisait entendre ses premières leçons et publiait ses premiers livres. Ce fut peut-être la cause des difficultés qu’il rencontra avant d’atteindre le succès. Déjà les libéraux ne le trouvaient pas assez violent au gré de leurs passions, et le