AVANT-PROPOS
Aucun roman ne fournit de plus romanesque épisode que les véridiques amours d’Elizabeth Barrett et de Robert Browning. C’est cette histoire qu’ont immortalisée les Sonnets célèbres dont nous donnons ici une traduction. Peut-être quelques mots seront-ils utiles, pour présenter aux lecteurs les héros de cette délicieuse aventure, d’où sortit un extraordinaire et vraiment unique « ménage de poètes. »
Elizabeth, née le 6 mars 1809, était le premier des enfants d’Edward Moulton Barrett et de Mary Clarke. Propriétaire de riches plantations à la Jamaïque, le père habitait une somptueuse résidence près de Ledbury, dans le comté de Hereford. C’est là que grandit la jeune fille, enfant heureuse, au milieu de dix frères et sœurs, éprise de verdure et de grand air, parcourant les allées et les pelouses du parc, ou explorant, avec une joie plus vive encore, les pentes boisées des montagnettes de Malvern. Elle avait surtout pour les fleurs un amour extrême, et très jeune possédait un berceau de roses blanches qui était célèbre et dont elle se montrait fière[1].
Sa passion pour l’étude n’était pas moindre. À huit ans, elle avait un précepteur qui lui enseignait le grec ; elle
- ↑ Mais ce bosquet n’est pas The Lost Bower des œuvres, comme semble l’indiquer le Dictionary of National Biography.