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chien de belgique
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maître, il ne paraissait pas avoir le temps de prodiguer des caresses, tandis que dans le cœur de Pierrot il y avait un insatiable besoin d’affection pour les hommes. Quand l’homme en kahki fut parti, Pierrot le suivit des yeux et pleura. Puis il se coucha, se plaignit un peu, et une grande sensation de mal du pays l’envahit de nouveau.

Si un chien ne peut pas réellement raisonner, à peine peut-il se souvenir et Pierrot sentit qu’il avait perdu ce qu’il y a de meilleur au monde, mais ne parvint pas à en comprendre la raison.

Tout lui repassa dans l’esprit : la paisible métairie avec Médard et les vaches ; mère Marie avec sa figure fraîche et ses cruches luisantes ; la ville affairée avec ses folâtres vendeuses de journaux ; le tendre vieux Grand-Père et la joyeuse petite Lisa, les mains mignonnes et les voix douces et la joie d’être choyé. Mais Pierrot n’était qu’un chien et la