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PIERROT

viction que son voyage touchait à sa fin. Rien dans les choses du paysage ne lui était connu ; il n’avait jamais passé par là auparavant. Mais au dedans de lui, quelque chose disait qu’il approchait. Il avança avec persévérance, gémissant un peu en lui-même, tel un terrier qui sent la piste d’une taupe. Certainement, par dessus la côte ou au prochain tournant de la route, il reverrait les anciens endroits qui lui étaient familiers : maisonnettes et granges et champs bénis de son pays. Là-haut, tout près, seraient les figures dont il se rappelait si bien, les voix joyeuses des enfants, les mains adroites et bonnes de mère Marie.

Dans sa hâte inquiète d’arriver, il présuma trop de ses forces et, tremblant de surexcitation et de fatigue, il fut obligé de chercher un abri avant le coucher du soleil.

Cette nuit-là, il eut un sommeil agité. Fréquemment ses rêves le réveillèrent et il se trouvait debout fixant l’obscurité, prêtant