mais je proteste que la mienne n’en sent
rien du tout. Si en ce moment elle éprouve
quelque agitation, c’est celle d’un songe que
j’ai songé la nuit dernière, et je vous prie
de me dire si la dévotion peut ajouter foi
aux songes.
— Non sum propheta, répond M. de Saint-Ognon, nec filius prophetæ, sed villicans sycomores[1]. Je ne suis, comme dit Amos, ni prophète, ni fils de prophète, mais je me nourris de figues sauvages, et je dirai à Madame qu’on a songé dans tous les temps et dans tous les pays du monde. L’Écriture sainte est remplie de rêves et de songes. Notre sainte religion elle-même, cet édifice, qui malgré les philosophes, malgré l’abbé Raynal et l’Enfer, subsistera éternellement, n’est fondée que sur une multitude de songes qu’en gardant les moutons firent autrefois Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que sur les rêves et les belles visions des prophètes Isaïe, Jérémie, Michée, Nahum et autres grands et petits voyants.
« La plupart même des belles institutions de notre sainte Église ne sont dues qu’aux rêves que firent autrefois des saints person-
- ↑ VII, v. 14.