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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


cœur. — Je sens, dit M. de Saint-Ognon, tout le prix de la proposition que me fait la dévotion de Madame ; mais son âme est celle d’une sainte ; la mienne est celle d’un pécheur, et je ne la crois digne d’un si grand honneur. Cependant, si l’âme de Madame daignait s’abaisser jusqu’à la mienne, je ne négligerais rien pour me rendre digne de cet inestimable avantage, n’envisageant dans cette alliance que ma sanctification et un avant-goût des plaisirs et des joies dont s’enivrent les élus dans le ciel.

M. de Saint-Ognon et Mme de Bethzamooth furent bientôt d’accord ; ils rédigèrent une petite formule de contrat et d’engagement qui de part et d’autre fut prononcée avec une très grande dévotion. Madame dit ensuite : « Je pense que, sans chercher à imiter le bienheureux Robert d’Arbrissel, nous pouvons… passer la nuit ensemble. »

— Nous ! Madame ! s’écrie M. de Saint-Ognon, comme effrayé d’un semblable propos. Nous ! passer la nuit ensemble ! Nos corps coucher ensemble ! Non, en vérité, nous ne le pouvons pas. C’est un crime d’y penser. De grâce. Madame, éloignons de nos esprits cette abominable idée. Coucher