Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


raison ; lisons ensemble et tâchons d’en retenir quelques traits, afin que nous puissions le répéter avant de nous endormir.

Cette lecture se fit avec un grand recueillement, malgré la démangeaison qu’avait Mme de Bethzamooth de faire des réflexions sur le nez, sur la gorge, sur le nombril et autres beautés de l’épouse du cantique ; elle ne s’en permit aucune, tant elle craignait de passer pour philosophe ; sa dévotion et sa curiosité se bornèrent à demander ce que voulait dire tout ce galimatias.

— Ce cantique, répond M. de Saint-Ognon, est une allégorie mystérieuse des amours de Jésus-Christ pour son Église qui est sans tache, quoique remplie d’obscurités ; c’est aussi le divin emblème d’un mariage spirituel. — Oserai-je demander ce qu’on entend par mariage spirituel ? — C’est celui d’une âme qui en épouse une autre ; par un semblable mariage, deux âmes contractent l’obligation d’être inséparablement unies, d’être en communion de peines, de chagrins, de prières, de joies et de plaisirs.

— Il me semble, reprit Madame, que dans ces mariages il n’y a rien dont la dévotion puisse se scandaliser ; ainsi, si votre âme veut épouser la mienne, j’y consens de bon